Troplong Mondot est mon univers. Entre combes et coteaux, on aperçoit ma silhouette blanche surgir à travers les rangs de vigne. Suivant la saison je cherche la caresse des vendangeurs ou je taquine le pas tranquille des chevaux au travail.
Puis je retrouve le parc qui entoure le château. C’est là que se trouve ma niche, dans un petit enclos à côté de celui des poules. Mais à vrai dire, je n’y reste jamais longtemps. Il y a tant à explorer. Tant à voir, sentir, écouter.
J’aime me faufiler sous les haies pour humer la terre, jusqu’à ce que je tombe nez à nez avec un hérisson. Alors je détale bien vite, sautant en vain après les papillons, ou furetant dans un tapis de cyclamens sauvages. Tout à l’heure je traverserai le verger pour me glisser dans le potager, j’y croiserai peut-être le Chef venu cueillir des herbes ou des légumes.
Le nez au vent, l’oreille dressée, j’envie les écureuils qui passent d’arbre en arbre. Il parait que certains sont centenaires, comme ces chênes et cet arbousier à l’ombre duquel j’aime m’allonger. Tous contribuent au charme de l’endroit : le magnolia et ses immenses feuilles vernissées, l’érable flamboyant à la lumière du couchant, le cèdre couvert de milliers de paillettes irisées les matins de brume et tant d’autres encore.
La vie dans cette nature est un enchantement de chaque instant, rythmé par le chant des oiseaux et la course du soleil. A la fois immuable et toujours différent.