Lookbook | ARTICLE #3

La dégustation, une affaire de mémoire

Comment fonctionne notre mémoire, quand il s’agit de déguster ? Éclairage avec le neurobiologiste Gabriel Lepousez, chercheur à l’Unité « Perception et mémoire » de l’Institut Pasteur et co-fondateur de « l’Ecole du Nez ».
Juillet 2021

C’est ce qui distingue l’expert du novice ?

Tout à fait. La force de l’expert, c’est la richesse de sa mémoire et sa capacité à rappeler cette mémoire. En effet, après des années d’expertise, son cerveau a construit une mémoire riche, précise et organisée, ainsi qu’une capacité à activer les deux chemins de connexion vers la mémoire : celui des émotions et celui de l’analyse. En s’appuyant sur ces deux modes de pensée, il va multiplier les moyens d’accès à sa mémoire et aux associations établies : j’ai déjà rencontré cette odeur et elle me rappelle telle situation, tel lieu, telle personne… c’est le mécanisme de rappel.

Dès qu’il goûte, l’expert compare : il fait travailler sa mémoire et s’appuie notamment sur les émotions ressenties pour connecter les éléments entre eux et identifier ce qui compose un vin.

Certains experts préfèrent parfois privilégier une démarche purement analytique, en mettant en avant uniquement les caractéristiques analytiques de ce qu’il déguste tout en mettant de côté l’émotion subjective que leur procure la dégustation.

"L’homme dispose de 400 capteurs olfactifs de base. C’est vertigineux en termes de capacité de codage et de discrimination !"

Quelles sont les clés pour améliorer sa mémoire et mieux déguster ?

Le challenge n’est pas d’acquérir des références et des données en mémoire, mais de pouvoir les rappeler, c’est-à-dire utiliser ses acquis avec précision et sans confusion pour mieux analyser la situation présente.

La « neuro-œnologie » montre que l’art de la dégustation est un travail qui requiert un organe essentiel : le cerveau. Un dégustateur novice n’a pas organisé et optimisé sa mémoire, c’est en partie pour cela qu’il a du mal à associer les odeurs à des souvenirs. L’expert au contraire a la capacité de rappeler avec précision un élément mémorisé, de correctement le distinguer d’un autre élément proche et de le verbaliser. C’est une question d’entraînement.

Il faut nourrir sa mémoire en répétant les dégustations et sans négliger aucun détail, aucune information. Comme tout organe, on peut l’entraîner et l’optimiser. Plus on déguste, plus les chemins d’accès à la mémoire vont être optimisés et plus il sera facile de retrouver la connexion vers un souvenir donné. Le cerveau va aussi multiplier les voies d’entrée pour accéder à la mémoire en créant des associations multisensorielles : les aspects émotionnels, olfactifs, visuels, gustatifs, tactiles, contextuels… Ainsi il va utiliser ces associations pour mieux récupérer l’ensemble des informations stockées pour un vin donné.

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