Quel est le rôle de la mémoire dans la dégustation ?
La mémoire est fondamentale dans la dégustation. Sans elle, chaque gorgée dégustée serait une perpétuelle nouveauté.
Quand on déguste un vin, la mémoire est aussitôt engagée pour effectuer un travail de reconnaissance. À chaque fois que je sens un arôme, mon cerveau travaille tout de suite pour essayer de le reconnaître. C’est-à-dire « connaître à nouveau » : je vais comparer l’information qui vient de mes organes sensoriels à l’information que j’ai gravée en mémoire. Dans le métier de dégustateur, notre expérience passée gravée dans notre mémoire nous permet de mieux analyser le présent et d’anticiper le futur.
Les neurosciences ont permis de montrer que les émotions et la mémoire sont imbriquées. Quel est leur lien ?
L’émotion, qu’elle soit positive ou négative, est extrêmement puissante pour graver un souvenir. On se rappelle d’autant mieux un fait qu’il est associé à une charge émotionnelle importante. Par exemple, chacun se souvient de ce qu’il faisait quand il a appris les événements du 11 septembre 2001, alors qu’on ne se rappelle plus ce qu’on avait fait le jour qui précédait. Autrement dit, un souvenir sera d’autant plus durable qu’il sera associé à une émotion forte.
Dans le cas d’une information olfactive, c’est encore plus vrai, car le sens de l’odorat a la particularité d’activer dans le cerveau à la fois le siège de la mémoire et celui des émotions. C’est ce qui explique que les odeurs sont si susceptibles de rappeler des souvenirs : elles sollicitent les émotions, et qui dit émotion dit souvenir puissant et persistant.
C’est une force du système olfactif : il réveille à la fois le système rationnel et le système émotionnel.