Du haut de son promontoire, le vignoble de Troplong Mondot embrasse des contours qui n’ont guère changé depuis sa création en 1700. Assurer la pérennité du domaine, telle a été l’ambition commune des propriétaires successifs. Pour le transmettre, chacun s’est inscrit dans un temps qui le dépasse, véritable philosophie que le groupe SCOR, propriétaire depuis 2017, pratique dans la vision de ses métiers et investissements. Aujourd’hui encore, il est question de se projeter tout en gardant un œil dans le rétroviseur. À l’heure de l’accélération des changements économiques et sociétaux, il est plus que jamais urgent de se donner du temps pour instaurer des actions dont seules les générations futures verront les accomplissements. C’est dès maintenant que s’écrit le prochain chapitre de la mémoire de Troplong Mondot.
Le temps s’étire encore davantage quand il est question de rythme de la nature. Elle fixe son calendrier et impose un temps long. Au renouvellement naturel du vignoble, s’impose la nécessité de l’anticipation : prévoir les cépages qui s’acclimateront le mieux aux changements climatiques, comptabiliser les années de délai qu’il faudra à la vigne pour « s’installer » et donner le meilleur. Et si les vieilles vignes partagent leur patrimoine génétique grâce à la sélection massale, c’est là aussi pour garder en mémoire une forme d’héritage. D’un vigneron à l’autre, se transmettent les gestes, bien sûr, mais aussi et surtout un patrimoine naturel. À Troplong Mondot, le directeur technique est présent depuis vingt ans et prolonge le travail effectué avant lui pour constituer et entretenir le vignoble. La vigne que nous cultivons aujourd’hui n’est autre que le résultat des préoccupations d’hier. On se saurait être plus avisé qu’en se projetant dans le futur pour nous adapter encore et toujours et construire le vignoble de demain.
Car c’est bien là que se joue notre rôle : dans ce que nous laisserons aux générations futures. Si bon soit-il aujourd’hui, le millésime en cours atteindra son apogée dans plusieurs décennies, dégusté par nos enfants et petits-enfants. Quel vertige ! À nous de savoir évaluer les promesses de chaque lot au moment de l’assemblage. À nous d’estimer l’évolution du vin après plusieurs années de vieillissement. Et au moment de sa dégustation, dans 5, 20, 30 ans… ce sera comme une fenêtre ouverte dans le temps. Un lien entre les générations, un journal des circonstances particulières : l’année d’une naissance, de la canicule, du gel, du nouveau cuvier… Comme une autre forme de mémoire.